Humeurs

CE QUE JE NE VEUX PLUS VOIR SUR LES NOIR(E)S DANS LA PRESSE FEMININE

Un jour, dans un supermarché, alors  que je feuillette un magazine sur la santé qui m’a l’air somme toute fort sympathique, je tombe sur une rubrique illustrée par  une photo de trois mannequins noires.  Je jubile car en 2019, je suis encore au stade de faire un vœu  quand j’en vois une dans un périodique.  Je me plonge dans la lecture de l’article lorsque soudain, mes yeux se figent et ma paupière gauche tressaute légèrement.  Le rédacteur a trouvé le moyen de mettre l’un des clichés les plus  véhiculés sur les peaux noires dans l’unique paragraphe les concernant. Subséquemment, trois solutions s’offrent à moi: remonter le temps et me faufiler dans la rédaction pour corriger le papier avant sa publication, m’emparer du micro de l’accueil et crier mon ras-le-bol  jusqu’à la fermeture du magasin ou écrire un article sur mon blog. Le premier cas de figure étant impossible, le second trop excessif, j’opte pour le troisième, plus efficace pour déboulonner  ces stéréotypes ataviques dégainés à tire -larigot dans la presse.

 

Les idées reçues sur la tolérance au soleil des peaux noires

Ce qui a été l’élément déclencheur de mon courroux, c’est la phrase « les peaux noires ne bronzent pas et ne prennent jamais de coup de soleil. » Spoiler alert, c’est faux.  Même si le taux élevé  de mélanine permet de mieux résister aux UV,  Les peaux noires bronzent et restent vulnérables face aux effets toxiques de ceux-ci, comme les coups de soleil (l’histoire de ma vie), le cancer du mélanome, le vieillissement précoce et le dessèchement de la peau. Il faut donc connaître  ses limites et surtout se prémunir des ultraviolets en évitant de s’exposer aux heures ou le rayonnement est le plus fort et en mettant des écrans solaires à indices élevés.

Par ailleurs, lorsque des crèmes solaires sont proposés aux peaux noires et métisses dans  une rubrique, bon nombre d’entre elles ne sont absolument pas adaptées à leur carnation à cause du fameux effet blanchissant  dû aux actifs minéraux filtrants. C’est simple si vous en mettez, vous avez un splendide hâle grisâtre qui vous donne un aspect mi-mort, mi-desséché. Charmant, surtout si vous compter éventuellement batifoler sur la plage. Pour l’heure les huiles constituent la meilleure alternative même si les catégories  à haute protection (SPF 50) restent trop peu commercialisées.  Il serait donc très appréciable que les fabricants travaillent sur de nouveaux processus de formulation afin de mettre à la disposition des consommateurs  un choix plus large de produits à indice élevé  qui s’adaptent vraiment à toutes les carnations et qui n’amenuisent pas le capital séduction d’autrui.

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Les expressions stéréotypées pour qualifier la peau noire

 Il n’ y a rien de plus agaçant pour moi que d’assister à la longue agonie de mon interlocuteur qui se tortille pour trouver une manière politiquement correcte de qualifier ma couleur sans dire le mot « noire ». Il existe une légende urbaine brumeuse, ancrée dans l’imaginaire collectif, selon laquelle l’usage du qualificatif « noire » serait malvenu, vexant voire raciste.

Ainsi, pour pallier la gêne occasionnée par le prétendu caractère déplaisant dudit mot, plusieurs mécanismes d’évitement peu subtils ont germé dans le langage courant à l’instar de l’euphémisme par excellence « Black » qui s’est largement démocratisé. Comme il reste trop familier pour figurer dans un article, les rédactions nous imposent  un florilège de figures de style éculées et alambiquées au possible. Citons pêle-mêle, le sempiternel « peau ethnique », l’allégorique « peau exotique » et l’incontournable « femme/homme de couleur » souvent prononcé ou écrit par quelqu’un, qui n’est à priori pas l’homme invisible et qui a donc une couleur aussi.  Dire « peau noire » suffit amplement.

 

Les cheveux crépus médiatiquement dévalorisés

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crédit photo: Sabine du blog Beebee, from Cocody

Les magazines ont souvent tendance à choisir des images de personnes aux cheveux  ondulés pour illustrer les cheveux crépus caractérisés par des boucles compactes et très resserrées. C’est symptomatique d’une méconnaissance criante du sujet dont font preuve certaines rédactions qui encensent la norme dominante du cheveu lisse et accordent un intérêt mitigé aux autres spécificités capillaires de leur lectorat.

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Il faut dire que la presse n’est pas tendre avec ce cheveu qui subit encore les stigmates de l’esclavage et de la colonisation. Quand il n’est pas ignoré, il est critiqué ou moqué. Souvent évoqué  au travers du  champ lexical de la stratégie militaire ou du cirque, c’est un adversaire « rebelle » qu’il faut « discipliner », « dresser », une « crinière crépue » ou une « crinière de lionne » qu’il faut « dompter ». [Les lionnes n’ont pas de crinière, ndlr] ; « les devoirs en CP c’est pas important » qu’ils disaient…

Bref, tout  cela engendre de fortes pressions sociales subies dès le plus jeune âge par les femmes au quotidien, qui pour se conformer aux canons esthétiques largement plébiscités des chevelures longues voletant au rythme du vent, dénaturent la leur et optent pour des défrisages, des lissages ou des extensions.

En réponse à toute cette hostilité envers ce joli nuage de coton, le mouvement du retour au naturel Nappy tout droit venu des Etats-Unis, rencontre depuis un franc succès partout dans le monde  auprès des femmes afro-descendantes. Elles sont de plus en plus nombreuses à afficher et revendiquer sans complexe l’unicité de leur beauté et la quintessence de leur identité. C’est aussi un moyen  de se réapproprier un aspect de leur apparence longtemps dévalorisé et de montrer que leurs cheveux sont beaux et constituent un atout de séduction à part entière au même titre que tous les types de textures capillaires.

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Bottes: Jonak

Sac: Gerard Darel

Pull et Jupe: Zalando

Parka: Zara

Cadre: Stella-plage près du Touquet

 A bientôt♥ !

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