Selon une croyance commune qui a la dent dure, tenir un blog, serait un jeu d’enfant. A vrai dire, moi aussi, j’y croyais un peu. J’appréciais certains blogs mode pour la qualité des images, pour le style pointu des blogueuses et pour l’esprit journal de bord intimiste. Leurs interfaces léchées me donnaient l’impression qu’aucun effort n’avait été fourni pour les élaborer et que la beauté de ces pages dépendait uniquement de la grâce naturelle de leur conceptrice. En devenant moi-même blogueuse, j’ai compris que je m’étais bien naïvement fourvoyée… Dans ma perspective utopiste du blogging, 1 à 2 heures par semaine suffiraient en dehors de ma vie professionnelle pour produire du contenu. Ce que mon double comique et moi-même ignorions, c’est que se lancer dans l’aventure équivaut à ne plus compter ses heures de travail.
L’étape de l’écriture
Il y a des jours où vous aurez beau vous installer à votre bureau, le cœur vaillant, le buste droit, les yeux rivés sur votre écran d’ordinateur, rien ne sortira de votre matière grise. Votre esprit s’engouffrera inexorablement dans les confins du darcknet jusqu’à ce que vous soyez happé par une vidéo de lolcat pétomane et obèse.
Sinon, dans le meilleur des cas, quand votre imagination est prolifique et que vous avez le souci de la consistance -il en va de la crédibilité de votre blog- un article peut demander plusieurs heures d’écriture. Il faut compter le premier jet puis la relecture. Cette phase est à mon sens la plus laborieuse de la démarche car vous trouverez toujours dans votre texte une coquille* improbable nichée à un endroit improbable.
Zen soyons Zen
Arrive ensuite le moment fatidique des photos. Si vous êtes doté de la noble vertu de la patience, le retardateur de l’appareil sera votre meilleur ami. Sinon, si votre maigre pécule dépensé lâchement dans toute sorte d’excès culinaires ne vous permet pas de vous procurer les services d’un photographe professionnel, vous pouvez toujours soudoyer vos proches. En ce qui me concerne, mon conjoint s’est vu attribué le rôle «d’opérateur shooting» du jour au lendemain alors que, naguère, ses précieux dimanches étaient placés sous les signes Farniente et plaisirs du bricolage.
Pour obtenir un rendu attrayant, il est impératif de dénicher des spots pittoresques. C’est aussi et heureusement un moyen de joindre l’utile à l’agréable. Sur place, c’est tout un art pour trouver le bon équilibre entre prises de vues et prises de têtes parce que monsieur ne jure que par la plongée alors que ça tasse et que ma croissance, pourtant prometteuse, s’est arrêtée subitement à 11 ans. Il faut à la fois s’enquérir des conditions météorologiques ou les subir, conjuguer avec le regard très insistant des passants et se faire à l’idée que, bizarrement, mon charisme transcendant fait dans l’objectif l’effet de celui d’une truite en talons. Dans ces moments, j’ai tendance à rejeter la faute sur mon mari et sa possible gestion approximative des angles alors qu’il n’appuie que sur un bouton qui fige mon reflet de truite dans la postérité.
Après avoir franchi l’étape de la sélection des photos et damer le pion aux bugs de connexion et autres péripéties inénarrables, c’est un soulagement de pouvoir enfin cliquer sur le bouton «publier».
Rémi sans amis
Quand j’endosse mon rôle de community manager, je suis animée par l’excitation et la fierté de partager le fruit de mon labeur avec des internautes de chaque infime partie du globe. Même si mon blog ne récolte parfois qu’une poignée de vues dont deux se situent en Côte d’ Ivoire (merci maman et papa pour le soutien), pour me ragaillardir, je me dis qu’à travers mes articles je suis présente dans certains lieux où jamais je n’ai foulé le sol. Du coup, une petite question me turlupine: est-ce que ça marche si, dans l’encadré «pays» de mon CV, je mets tous les territoires dont sont issues les visiteurs de mon blog? Est-ce l’esprit ou la chair qui compte ? Vous avez 2 heures.
A l’avis des autres, tu t’y frotteras
S’exposer sur la toile, c’est risquer de se frotter à la virulence des autres ou d’être confronté à ces bipèdes hostiles répondant au doux nom de « Trolls » qui polluent le débat sans avis constructifs. A l’ère des réseaux sociaux et de la diffusion de masse, votre blog ne vous appartient pas totalement. Vous êtes, certes, à l’origine de sa substantifique moelle mais ce qui en découle peut être frelaté ou réinterprété à l’infini par autrui.
Pour protéger ta santé mentale, tu ne jureras point que par les critiques dithyrambiques (niveau melon, on se calme) et accorder aux Trolls un intérêt égale à la profondeur légendaire de leur intervention, tu devras.
L’entourage, cet être dubitatif
Comme l’a dit si bien un vieux sage du Pendjab: « il n’y a pas de sot métier, il n’y a que des sottes gens » (c’est pas le même qui a dit « c’est celui qui dit qui est » ?) Bref, il faut apprendre à ne surtout pas se fier aux avis de ceux qui vous qualifient d’hurluberlus notoires et décrédibilisent ou brocardent cette activité qui n’a pourtant plus à faire ses preuves. Ce n’est pas à vous d’adapter la spécificité de votre projet ou votre passion aux autres en étant tributaire de leurs traumatismes, angoisses ou cadre de référence étroit. Quand on blogue, on le fait avant tout pour soi.
La persévérance, la constance et une bonne dose de débrouillardise pour ne pas faire flamber votre budget dans les coûts logistiques (prix du domaine, appareils numériques, shopping, déplacements etc.) seront vos principaux alliés si vous souhaitez que votre blog prospère.
∴
Coquille: En imprimerie ou dans le milieu du journalisme, une coquille est une erreur typographique, une faute qui s’est glissée dans le texte.
Les photos on été prises au Bushman, un café-hôtel situé en Côte d’Ivoire dans la ville fiévreuse et cosmopolite d’Abidjan. Dans cet havre de paix chaleureux décoré d’objets rares en tout genre, on est plongé hors du temps, au cœur d’une Afrique riche par la beauté et l’immensité de sa culture. Cet endroit jalousement nichée au centre d’un épais massif tropical fait partie des merveilles de ce monde qui vous retournent et changent définitivement quelque chose en vous.
∴
Jupe à la fluidité optimale: Abercrombie & Fitch
Top à l’aération optimale: Comptoir des cotonniers
Sac ==> ici aussi
Sandales à talons vla stylées ==> ici aussi
Boucles d’oreilles conceptuelles: MOA
Au revoir♥