A l’adolescence, je n’osais pas maquiller mes lèvres. Les conseils des rubriques beauté spéciale « peaux ethniques », « exotiques » ou « typées »* qui apparaissaient dans la presse féminine, toute proportion gardée, tous les 6 mois ou à la pleine lune étaient pour moi parole d’évangile. Il était stipulé que mettre un gloss ou un rouge à lèvre de couleur vive quand on avait la peau noire et des lèvres charnues était un acte de félonie envers le bon goût.
En 2009, je me suis fiée à mes propres goûts et j’ai choisi mon premier lipstick en fonction de la couleur qui me plaisait vraiment sans me mettre de barrières. J’ai opté pour la plus pigmentée, un rouge vermillon que je n’ai plus jamais quitté. J’ai pris conscience que l’équation taux de mélanine élevé + épaisseur des lèvres + cadre de référence étroit d’X ou Y était nulle et que mettre une couleur vive sur ma bouche n’avait absolument rien de ridicule, de vulgaire ou d’excentrique. Ma nouvelle façon de me maquiller a engendré à l’époque des regards torves et quelques réactions hostiles. Et puisque j’en ai que faire de l’avis non constructif des autres, les rouges à lèvres aux tons marqués et irisés font partie depuis 10 ans de ma routine beauté.
Morale de l’histoire: j’ai bien fait de n’écouter que moi car aujourd’hui, le discours des médias sur le maquillage des bouches pulpeuses a radicalement changé et ce petit objet en cire, longtemps associé à la coiffeuse de tante Gladys, a transcendé ces codes initiaux pour devenir un accessoire de mode incontournable en épousant des textures multiples aux coloris variés et percutants.
J’ai compris depuis bien longtemps que ce qui compte, ce sont mes choix et mes envies tant que ceux-ci n’altèrent en rien la vie d’autrui.
*expressions alambiquées, ridicules et déplacées pour ne surtout pas dire « peaux noires ».
Top: Abercrombie
Félin majestueux: Anakin, mon chat
A bientôt ♥